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En quelques mots ....

 

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Les infos !

De certifié exact aux gilets jaunes

mardi 22 janvier 2019, par micheloury

Tou a commencé pour moi en 1968, avec l’éclatement de l’ORTF et le licenciement de plusieurs de ses journalistes. C’est graçe à Roger Louis et à son magazine mensuel de cinéma : "Certifié Exact" que j’ai pris pour la première fois conscience du trucage de l’information.
D’autres exemples sont venus s’y ajouter...

En mai 1968, l’ORTF a éclaté et plusieurs de ses journalistes ont été licenciés. Jusqu’à cette date en effet la télévision et donc les journaux télévisés étaient sous la coupe du gouvernement gaulliste. Il ne pouvait donc rien s’y dire qui ne soit pas dans la ligne de celui-ci, ou alors à mots feutrés.
Parmi ces journalistes, Roger Louis, grand reporter à ’Cinq Colonnes à la Une’, Frédéric Pottecher, chroniqueur juridique célèbre et François de Closets, entre autres.
Vous pouvez retrouver des informations complètes sur cet aspect de mai 68 sur ces deux sites :
viedelabrochure
Hommage à Roger Louis

En 1968-1969 j’étais président de l’association des élèves de l’ENSEEIHT, école d’ingénieurs toulousaine. Il était de tradition, de faire tous les ans, dans l’école une grande Fête ouverte au public et après en avoir discuté avec mes camarades du bureau de l’association, nous avions décidé d’y faire participer tout ce qui comptait dans le monde du théâtre, du cinéma, de la musique, ... qui avait été modifié par la révolution de mai 68.
De plus, en tant que responsable du ciné-club de l’école, j’avais abonné celui-ci au magazine "Certifié exact" de Roger Louis. "Certifié Exact n’était pas destiné au circuit commercial mais aux mouvements de jeunes, aux syndicats, aux mouvements culturels, aux comités d’entreprise, etc."
Nous recevions donc régulièrement des bobines de films de 16 mm que nous projetions avant le grand film du ciné-club.
Je me souviens encore, comme si c’était hier, du numéro 1, ou plus exactement de cette partie du n°1, de Certifié Exact, où Roger Louis nous montrait, par une démonstration implacable, comment une réunion publique de membres du gouvernement, filmée par des journalistes de l’ORTF, sous plusieurs angles de diverses caméras, pouvait montrer une facette ou une autre de ce qui s’y était dit et donc totalement truquer l’information.
Ça a été pour moi une énorme révélation car j’ai immédiatement compris que sur plusieurs heures d’enregistrements, avec plusieurs angles, il suffisait, au montage de ne garder que quelques minutes choisies pour faire passer l’information d’un sens à son contraire.

En 1973, nous avons créé, avec deux couples d’amis, une association de 1901 d’alimentation et de culture en biologie, le CALBAR (Collectif d’ALimentation et de Bio Agriculture Régional, toujours vivant). Tout ce qui est à la pointe de l’actualité dans ce domaine aujourd’hui était déjà dit en 1973, à l’époque où tout le monde, sauf la cinquantaine de familles Presloises qui nous a rejoint, se moquait ouvertement de nous et de nos idées d’écolos. Ce terme était d’ailleurs très péjoratif et signifiait presque débile.
Il existait dans les années 70 une émission de grande écoute sur France-Inter animée par Mme Anne Gaillard, qui se voulait être l’émission de défense des consommateurs. Nous lui avions envoyé un courrier pour lui demander de témoigner comment notre association avait eu à subir une escroquerie sur des dates de consommation dépassées.
Mme Anne Gaillard nous a téléphoné, posé de nombreuses questions sur notre association d’alimentation bio, et à l’écoute, l’émission étant en différé, avait fait un superbe montage sonore qui nous faisait dire le contraire de ce que nous avions dit.
Après une réunion des membres de notre association, compte tenu du fait que nous n’avions pas enregistré la conversation et que nous n’avions pas les moyens de porter plainte, nous avons classé sans suite.
Mais la leçon a été bien retenue.
Nous avons d’ailleurs appris depuis que Mme Anne Gaillard a été poursuivie en procès par Simone Signoret pour diffamation, procès que l’actrice a gagné, et qu’elle a été attaquée pour ses interviews par de nombreux hommes d’affaire, hommes politiques et journalistes.

A peu près à la même époque, en plein mois d’août, je tombe par hasard, en soirée d’une belle journée ensoleillée, en faisant le réglage du téléviseur de mes parents, sur un film documentaire de Jean-Luc Godard où il était question de la communication.
A croire qu’on voulait qu’il soit vu et entendu par le minimum de gens pour être programmé à cette heure là et en cette période là.
"En juin 1976, l’Institut national de l’audiovisuel lui commande une série de six fois deux films d’une heure pour la chaîne de télévision française FR3 à réaliser dans un délai très bref de deux mois. Godard avait déjà nourri depuis longtemps le projet de faire de la télévision et est heureux d’en avoir enfin la possibilité. La série, intitulée Six fois deux / Sur et sous la communication, est diffusée le dimanche soir du 25 juillet au 29 août 1976" (sur Wikipédia, les années vidéo 1973-1979).

Visible sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=qGie8UoWdRA
Et ce que j’en ai retenu de plus que ce que je savais déjà est cette continuité ininterrompue, forcée, des images et des sons dans les informations télévisées et/ou radiophoniques, qui vous empêche de réfléchir vraiment à ce qui vient d’être dit ou montré. L’image, le commentaire sont déjà passés à autre chose et vous n’avez donc pas cette possibilité du papier journal de vous arrêter de lire, de réfléchir à ce que vous venez de lire, aussi longtemps qu’il le faut, avant de reprendre votre lecture. Et donc d’y apporter une éventuelle contradiction raisonnée.

Aujourd’hui certains s’étonnent de la défiance, et parfois de la violence (injustifiée, mais compréhensible car ces personnes dont on ne présente que le côté noir ne peuvent répondre par les même médias), des gilets jaunes envers les médias, presse, radios, télévisions,... qu’ils accusent de tromperie, voire de mensonges.
Mais comme je comprends ce sentiment d’injustice également devant l’information, car bien qu’il y ait bien sûr de nombreux journalistes honnêtes, n’oublions pas que les médias sont des propriétés privées, en général, avec un patron à qui il n’est pas possible de trop déplaire, qu’il faut vendre, faire de l’audience et que ce sont toujours les propos ou les images les plus "saignantes" qui feront grimper le tirage ou l’audimat. D’où le choix de ce qu’on montre, ou de ce que l’on dit ou écrit, en fonction de ce que l’on a vu.
Souvenez-vous de Roger Louis, de Certifié exact, de Anne Gaillard et de Jean-Luc Godard. L’information n’est pas dans les JTs, quels qu’ils soient, ni dans la presse privée, ni à la radio, qui ne font souvent que reprendre le contenu des dépêches qu’ils ont reçues des diverses agences auxquelles ils sont abonnés (Agence France Presse, Reuter, ...). Tous choisissent leurs titres et leurs contenus, en laissant de côté les informations qu’ils ne jugent pas bon ou utile, de leur unique point de vue, ou du point de vue de leur comité de rédaction, de vous communiquer.
Puis, ils "montent" l’information qu’ils vont vous distribuer, comme on gave une oie.

Les informations sont dans les journaux indépendants libres de toute influence financière, et il faut alors recroiser toutes ces sources indépendantes de tous les bords pour avoir une idée à peu près exacte de ce qui se passe.